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Test de Pillars of Eternity

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Par - publié le 26 Mai 2015 à 12h19
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Pillars of Eternity se veut être le successeur spirituel de Baldur’s Gate. Développé par Obsidian et issu du financement participatif, il s’agit là d’un pari difficile, tant les joueurs en attendent beaucoup.

Plusieurs jeux se sont dits “successeurs spirituels de Baldur’s Gate”, comme Dragon Age, développé par BioWare et édité par Electronic Arts. Pourtant, bien que la qualité soit au rendez-vous, le titre n’a pas répondu aux attentes des joueurs. Peu de classes disponibles, moins de personnages à contrôler et scénario plus banal. On a donc à présent du mal à croire sur parole un éditeur quand il nous parle d’un Baldur-like. Alors, que vaut Pillars of Eternity ?

Un financement participatif réussi

Le projet lancé par un financement participatif sur Kickstarter en septembre 2012, a été financé à hauteur de 1 million de dollars en seulement deux jours. Il faut dire, les promesses sont grandes : faire un moteur de jeu similaire à l’Infinity Engine, celui créé par Bioware et qui a permis de développer les Baldur’s Gate et Icewind Dale. De plus, c’est Obsidian Entertainment qui est à l’origine du projet, et il est bon de noter que la société a été créée par des anciens de Black Isle : l’éditeur des Baldur. Alors sur le papier, ça paraît prometteur ! Deux ans plus tard sort Pillars of Eternity.

Une mise en scène pour les habitués

Le jeu commence avec une introduction dont la mise en scène est typique des Baldur : une image de fond accompagnée d’un texte défilant, doublé par un narrateur.
Le jeu est traduit en français, mais le doublage est anglais. Rien de bien gênant mais un doublage français aurait été un gros plus. Puis survient la création du personnage. 6 races principales et 16 sous-races, à choisir avec 11 classes. Puis le choix des caractéristiques parmi les suivantes : puissance (dégâts et soin), constitution (santé), dextérité (vitesse d’action et réflexes), perception (interruption, armure et réflexes), intelligence (zone d’effet, durée des sorts et volonté) et détermination (concentration, armure et volonté). C’est un peu compliqué au premier abord mais le jeu nous indique les caractéristiques essentielles de chaque classe. Ensuite, on a le choix des compétences de combat, des aptitudes passives et du passé du personnage. Enfin, on peut choisir le physique du héros. Beaucoup de portraits différents sont disponibles, ce qui est un très bon point !

Le jeu commence, et grande surprise : l’interface est pratiquement identique à Baldur’s Gate. Des décors faits main en 2D, avec des personnages entourés d’un rond vert facilitant l'interaction. De plus, le système de dialogues reste identique : de grandes tirades à lire et un choix assez libre dans les réponses. Selon votre personnage, plusieurs choix peuvent se débloquer : la race, la classe et le passé du personnage peuvent influer. De plus certaines réponses améliorent les caractéristiques de dialogue. Plus vous répondrez de manière diplomatique, plus cette caractéristique augmente et vous permet d’autres réponses. Stoïque, charitable, passionné, agressif, cruel… autant de choix qui changeront des dialogues classiques “bon/neutre/mauvais”. Cependant, il faut aimer lire pour profiter de Pillars of Eternity. Il y a beaucoup de lecture et il faut avouer que certains dialogues traînent en longueur. Rien d’insurmontable car on peut souvent aller directement à l’essentiel des échanges.

Une réalisation imparfaite mais suffisante

Graphiquement, le jeu se défend plutôt bien. Les décors sont très jolis et laissent une grande place à l’imagination du joueur, surtout durant les interactions avec les autres joueurs et pendant les combats. Une des caractéristiques des Baldur’s Gate : rien n’a changé de ce côté, si ce n’est la résolution des graphismes, adaptée au matériel de nouvelle génération. Cependant, si le jeu est beau, il s’accompagne d’un énorme défaut : les temps de chargement. Chaque entrée dans une zone vous demande de patienter une quinzaine de secondes. Or quand vous vous rendez dans une ville, puis allez dans une maison, puis allez à l’étage de la maison pour parler à un personnage non joueur, cela fait trois chargements ! Imaginez maintenant que vous devez faire le chemin inverse : c’est long et ça casse le rythme du jeu.

Dans le domaine technique, un autre défaut est le manque de mode multijoueurs. Plutôt accessoire pour certains, ça aurait pourtant été un gros plus de pouvoir jouer à plusieurs.

Le système de combat, très efficace

L’autre caractéristique de ce type de jeu, c’est les combats. Même s’il ne suit pas les règles de Donjons et Dragons, ces dernières s’en inspirent en corrigeant certains défauts liés au passage du jeu de rôle en jeu vidéo. L’objet du test n’est pas de les expliquer en détails, mais sachez que Pillars of Eternity possède un glossaire assez fouillé pour vous éclaircir. Mieux encore, si un objet utilise un terme technique (par exemple “Interruption : 0.75 sec”), celui-ci sera surligné et un passage de la souris dessus affichera sa définition. Un point très bien travaillé.

Dans l’action, la pause est essentielle, et rassurez-vous, ce bouton fonctionne bien. Les combats sont intéressants et votre survie dépend clairement de l’équilibre et du bon fonctionnement de votre équipe. On peut noter quelques défauts, plus ou moins importants :

  • les classes ne sont pas très équilibrées. Certaines comme le clairvoyant sont plus puissantes que d’autres comme le ranger.
  • les sorts de contrôle sont trop puissants. Certains ennemis peuvent paralyser votre équipe complète pendant 30 secondes, vous conduisant à une mort certaine. Vous pouvez aussi faire de même évidemment.
  • la recherche de chemins répond parfois mal et vos personnages peuvent s’arrêter brusquement s’ils sont bloqués.

Globalement, le jeu s’en sort bien côté combats. Il y a beaucoup de possibilités d’équipes et de choix de compétences, et vous trouvez forcément un moyen de vous en sortir malgré la difficulté élevée et le côté exigent du jeu. Il faut parfois chercher à optimiser son équipement via l’enchantement et penser à utiliser les nombreux consommables que vous trouvez sur votre chemin (ou que vous aurez fabriqués). Il y a donc de la recherche et de la stratégie, et il faut éviter de foncer tête baissée sur les lignes adverses.

Le scénario, point critique des jeux de rôles

Si je devais souligner un autre point négatif de Pillars of Eternity, c’est le manque de compagnons. Certes, vous pouvez en créer autant que vous voulez dans les auberges pour compléter votre équipe, mais il n’y a que 8 personnages recrutables dans l’ensemble du jeu. Même pas un par classe ! Ils apportent chacun leur lot de dialogues et leur quête, donc sont un gros plus au jeu. Il est donc dommage que d’autres n’aient pas été ajoutés. La corollaire de ce défaut, c’est que malgré les discussions personnalisées des personnages, ceux-ci vous suivront quoi qu’il arrive. Que vous soyez diplomate, stoïque ou que vous sacrifiiez des chatons pour le plaisir, ils vous suivront. Pour le coup, on est là très loin de la complexité de Baldur’s Gate.

Cependant, le scénario s’en sort tout de même bien. L’univers est bien construit et l’histoire intéressante. Le pays de Dyrwood est en proie à un malheur : nombre d'enfants naissent sans âme, à peine vivants. Beaucoup blâment les animanciens, des scientifiques qui étudient et manipulent les âmes. Vous incarnez un étranger qui arrive dans le pays, mais une violente tornade d'aspect magique vient détruire votre caravane. En vous réfugiant dans une grotte, vous tombez nez-à-nez avec une étrange machine, qui une fois actionnée vous donne un curieux pouvoir : celui de lire les âmes.

Certains rebondissements sont très bien travaillés mais je n’en dirai pas plus. Un petit côté négatif pour la durée du jeu : vous pouvez en venir à bout en 20 heures facilement. Mais si vous comptez faire toutes les quêtes secondaires, il vous faudra au minimum 50 heures, ce qui est très positif. Combiné avec la rejouabilité et les défis liés aux succès, il s’agit d’une réussite !

Pillars of Eternity est donc taillé pour les joueurs de Baldur’s Gate. Ceux-ci ne seront pas dépaysés et comprendront certains clins d’oeil. Non exempt de défauts, il s’en sort plutôt bien et est très intéressant. Un futur add-on est en cours de développement, nous ne pouvons donc qu’espérer que la qualité soit au rendez-vous !


Galerie photos
Les + / Les -
  • Bonne durée de vie
  • Système de dialogues intéressant
  • Un vrai Baldur-like, enfin
  • L'encyclopédie du jeu à portée de mains
  • Les temps de chargement
  • Trop peu de compagnons
  • Quelques déséquilibres dans les combats
  • Pas de mode multijoueurs
Evaluation
Graphismes
Rien à redire, c’est beau. les décors sont très jolis et bien variés.
Musique
Les musiques sont réussies et collent bien à l’ambiance. Rien à redire côté sons non plus, si ce n’est le manque de doublage français.
Jouabilité
Durée de vie
Très bonne durée de vie, grâce au grand nombre de quêtes et aux possibilités de personnages.
En résumé
On a là un petit bijou extrêmement bien réalisé. Si vous êtes un fan de Baldur’s Gate, vous pouvez sauter dessus les yeux fermés ! Dans le cas contraire, vous apprécierez sûrement les qualités narratives du jeu, ainsi que son système de combat.
17 /20 0
Très réussi et possédant une bonne profondeur, c’est une des plus grandes qualités du jeu.
Date de sortie française: 
26/03/2015
Sortie américaine: 
26/03/2015
Développeur: 
Plateforme: 

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Commentaires

Portrait de MasterMana

Je ne peux que saluer l'initiative, ce jeu est excellent comme illustré dans ce test parfaitement représentatif.

Ce que je regrette un peu c'est que le système de jeu ne soit pas plus poussé dans le sens où il n'est pas aussi riche que je le voudrais. Mais bon je rêve un peu le baldur's like qui mettra à porter de pixels un paradigme aussi riche que la version papier de D&D 3.5 (je rêve éveillé oui).

Aloth :love: